Chamrousse sous le feu des projecteurs

L’étude récente et prometteuse de la croute océanique de Chamrousse, aussi appelée ophiolite, a encouragé deux enseignantes chercheuses d’ISTerre, Emilie Janots et Carole Cordier, à diffuser au plus grand nombre leurs nouvelles découvertes. Avec l’aide d’une société de production de documentaires scientifiques, Chamrousse va faire l’objet d’une série de courtes vidéos pédagogiques visant à mieux faire connaitre l’objet géologique exceptionnel qu’elle représente.

Tamás Mészöly, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons

Là où tout a commencé

Ce projet naît de la rencontre entre Emilie Janots, enseignante chercheure à ISTerre, et Dorothée Adam, scénariste et réalisatrice, lors du festival « Rencontres Montagnes et Sciences » en 2022. Toutes deux ont rapidement trouvé un terrain commun : vulgariser des résultats scientifiques et sensibiliser le public à l’enregistrement par les roches de Chamrousse d’une histoire complexe et ancienne, datant de 500 Ma.
De cette rencontre a émergé l’idée de créer une série de vidéos pédagogiques, d’un format court, qui s’utiliserait comme support pédagogique pour les jeunes étudiants en géologie, mais aussi comme ressource informative à destination des amoureux de la montagne, qu’ils soient des habitants de la métropole ou des touristes visitant la station.

L’idée du projet étant définie, il a fallu ensuite se pencher rapidement sur la question du financement. Par chance, ce projet mûrit en parallèle d’un appel à projets Idex « Rayonnement social et culturel » de l’UGA qui vise à soutenir des actions de développement artistique et culturel et de médiation scientifique, en lien avec la recherche et la formation. Après le dépôt du dossier et la phase de sélection, le projet Chamrousse a finalement obtenu le financement en mars 2023 qui lui permettra de produire 5 vidéos.


Chamrousse, raconte nous une histoire

Une fois le projet financé, une toute nouvelle équipe s’est formée au laboratoire pour imaginer, écrire et co-créer ces vidéos avec la réalisatrice. Composée initialement d’Emilie Janots et de Carole Cordier, elle s’est étendue pour accueillir Fabrice Brunet, chercheur en minéralogie, Claire Bouligand, maître de conférences en géophysique, et Angélique Carrara, chargée de communication.

Une première phase de travail s’est établie autour de la définition des thématiques à aborder. Non seulement contraint par le nombre de vidéos, il a fallu également définir le niveau de vulgarisation, et donc la quantité et la qualité d’informations scientifiques, pour s’adapter au format court des vidéos qui ne dureront qu’1min30 chacune. Suite à ces réflexions, les premiers jets de scripts ont émergé et ont permis de dégager un storytelling vulgarisé et accrocheur sur l’histoire de Chamrousse.


Cap sur les sommets

Pour compléter ce travail d’écriture, l’équipe est montée une première fois de Roche Bérangère à la croix de Chamrousse au mois de juin afin de repérer les lieux pour le tournage des vidéos, qui ne se fera qu’un mois plus tard. Ce couplage écriture – terrain est nécessaire pour calibrer les messages à transmettre et imaginer la façon dont les sujets seront abordés.

Accompagnée des étudiantes de M1 et M2 réalisant leur stage de recherche sur Chamrousse (Clara Pege et Anna Duhoux), l’équipe a passé la journée à grimper sur les pans de la montagne et à s’émerveiller sur la beauté des roches présentes. L’occasion de (re)définir les points essentiels à aborder dans les vidéos pédagogiques et de sélectionner les éléments indispensables à faire figurer à l’écran.



Moteur et… ça tourne !

Les 5 et 6 juillet marquent le début du tournage avec l’arrivée à Grenoble de la réalisatrice, Dorothée Adam, accompagnée de sa collègue illustratrice Séverine. Munies de leur matériel de vidéo, elles ont rejoint l’équipe d’ISTerre pour démarrer le premier jour de tournage. D’un pas matinal, les voilà partis sur les hauteurs de Chamrousse en remontées mécaniques.

Le soleil étant au rendez-vous, le drone s’élance dans le ciel au niveau de la croix de Chamrousse pour capter les magnifiques images paysagères de la station. Ce panorama offre une vision imprenable sur le massif de Belledonne mais aussi les massifs voisins, à savoir le Vercors et la Chartreuse. En effet, discuter le lien entre géologie et topographie des massifs qui entourent Grenoble est un point essentiel dans le script des vidéos.

Une fois le tour de l’horizon capté, Fabrice et Claire montent leurs capteurs et s’équipent devant les caméras. Munis de leur magnétomètre dans le dos, ils s’élancent sur les crètes de Chamrousse pour mesurer l’aimantation magnétique des roches ayant subi des impacts de foudre, que l’on nomme fulgurites. L’une des cinq thématiques abordées dans les vidéos pédagogiques porte en effet sur la reconnaissance et l’intérêt scientifique de ces dernières. Il n’en fallait donc pas moins pour avoir des images sensationnelles !


La prochaine destination nous emmène doucement vers le manteau terrestre qui affleure au sommet de Chamrousse. C’est ici même que nous trouvons les illustrations principales de notre contenu vidéo. Gabbro, serpentine, ophiolite la tête en bas… tout autant de notions que de complexité pour les membres de l’équipe non spécialistes ! Par chance, nos enseignantes chercheuses ont pu réviser leur script en racontant l’histoire de Chamrousse et en vulgarisant ce que les roches ont à nous dire.


Dorothée s’attarde à prendre des photos et vidéos des objets géologiques et des paysages présents mais aussi de nos scientifiques en action. Certaines scènes sont tournées en face caméra pour donner du rythme aux vidéos tout en mettant en avant les chercheurs qui se cachent derrière ces recherches. Un défi pas facile pour eux, surtout lorsque c’est improvisé, mais qui a été relevé avec brio.

Une fois l’équipe bien rodée à l’exercice, la fin de journée fut très productive et les idées émergeaient au fur et à mesure. Malheureusement, la météo quelque peu capricieuse aura freiné les ardeurs et empêché quelques prises de vue. Mais n’ayez crainte ! L’essentiel des vidéos aura pu être tourné sans encombre, et ce qui n’a pas pu être fait a été reporté au lendemain.


Le lendemain, une équipe réduite composée d’Emilie, Carole, Dorothée et Séverine est montée par le premier œuf du matin, direction la Bastille. La météo moins nuageuse a permis de nouveaux beaux plans drones sur les massifs. Deux courtes vidéos ont été tournées face caméra pour expliquer, simplement, l’histoire géologique de Chamrousse et ses massifs voisins, du Cambrien à l’actuel.

L’après midi, l’équipe s’est retrouvée à l’Espace Muséographique et aux collections de l’OSUG afin d’aborder les vidéos traitant de chronologie en sciences de la Terre. Quoi de mieux que les spécimens extraordinaires de zircons et fossiles présents sur place pour illustrer ce thème !


Le tournage terminé, l’équipe d’ISTerre n’a plus qu’à patienter quelques mois pour avoir les premiers jets des vidéos pédagogiques. Dans l’attente de pouvoir les diffuser, l’équipe a souhaité partager cette folle aventure avec vous !


Crédits photos : Angélique Carrara, Dorothée Adams, Emilie Janots